D’APRES OLIVER SACKS ET PETER BROOK

« Si un homme peut prendre sa femme pour un chapeau, tout est possible. Est-il fou ? Le moment où cette hypothèse est écartée, on se trouve devant un vrai mystère. » – Oliver Sacks

En 1985, le neurologue Oliver Sacks publie L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, recueil où il dépeint les cas les plus étranges qu’il a observés chez ses patients. Il y a cet homme à qui on demande de se raser, qui maintient avoir fini alors, qu’à l’évidence, il a encore de la mousse sur toute la partie gauche de son visage. Cet homme, a priori aveugle, qui saisit sans hésitation tous les objets que l’on pose devant lui. Il y a ce patient, capable de reconnaître les formes et les objets sans difficulté mais qui est en revanche dans l’impossibilité de discerner les visages et prend, un jour, la tête de sa femme pour… un chapeau.

Dans ces essais le Docteur Sacks dépeint des cas de communication défaillante entre le corps et le cerveau, la complexité de ces dérèglements intérieurs et la façon dont ils transforment, chez le patient, la perception du monde extérieur. Il tente, par cet ouvrage, de faire un pas vers une médecine nouvelle, plus complète, qui, traitant le corps, ne refuserait pas de s’occuper de l’esprit, et même de l’âme…

En 1998, soit treize ans après l’ouvrage de Sacks, Peter Brook, entouré de 4 immenses comédiens, en créé une adaptation théâtrale : L’homme qui.

Le pari est grand : transformer cette suite de portraits, de consultations en un récit scénique. Il qualifie ce travail de « recherche théâtrale ». Nous emprunterons ce sillon qu’ils ont tracé pour continuer, aujourd’hui, cette recherche.

Quarante ans après la publication du livre de Sacks, les avancées médicales psychiatriques et physiologiques sont considérables, pourtant, il semble que certains mystères du corps humain soient encore abyssaux.

Devant l’œuvre de Sacks et de Brook les spectateurs du 21ème siècle continueront d’être stupéfaits face à ces situations fortes, parfois ludiques et souvent tragiques.